Douze chapitres, douze "rounds" juxtaposés nous content l'histoire d'une journée ordinaire dans un village suisse écrasé par la chaleur estivale qui plombe l'atmosphère et maintient les villageois dans l'indolence et l'attente du moindre incident qui viendrait rompre la monotonie de cette journée : les enfants se traînent, les adultes se cherchent et s'évitent, s'observent et ressassent de vieux souvenirs et des regrets dans un immobilisme qui engourdit les consciences.
Et pourtant, une star du tennis a disparu, un SDF est retrouvé mort, une explosion se produit, une mère part avec son fils, un flirt se termine mal.
"...je ne regarde pas comme il faut, voilà pourquoi tout reste silencieux."
Des chroniques qui se croisent, des personnages qui semblent ne rien avoir en commun, qui disparaissent, reviennent en sourdine, à l'arrière plan, des liens qui deviennent évidents et les pièces du puzzle commencent à se mettre en place.
Douze récits, douze regards différents ! Une construction innovante où l'auteur réclame du lecteur attention et persévérance en l'invitant à glaner au fil des pages les indices par lui "éparpillés" et indispensables à la reconstitution du kaléidoscope.
"... il y percevrait la plainte du village, qui lui dirait qu'il est en train de perdre son âme, car bientôt il n'y aura ici plus personne en attente d'un début ; au lieu de cela, il n'y aura plus que des débuts, et on oubliera ce que l'attente signifie, or l'attente est l'âme du village, l'attente de rien et de tout, l'attente qu'il se passe enfin quelque chose."
Editions Piranha 2014 traduit de l'allemand (Suisse) par François Mathieu avec la collaboration de Régine Mathieu. (189 pages-17€)