dimanche 24 juin 2012

Une bonne raison de se tuer de Philippe Besson


Chronique des bonheurs perdus.

    Le bonheur perdu de Laura :
A Los Angelès, ce 4 novembre 2008, les Américains s'apprêtent à élire leur premier président noir. Laura ne se sent pas concernée par toute cette agitation : son mariage rompu, ses deux fils qui se sont éloignés d'elle, son petit boulot de serveuse lui semblent être de bien piètres perspectives d'avenir. Restent les souvenirs d'un bonheur perdu insuffisants pour habiter une vie dont elle n'attend plus rien. Alors, "elle a décidé qu'elle serait morte ce soir." (p.17)

    Le bonheur perdu de Samuel :
Que lui importe l'actualité, "Paul est son fils. Cet après-midi, à quatorze heures, il doit l'enterrer." (p.28) Comment surmonter cette immense douleur, combler l'absence ? A dix-sept ans, pourquoi ce suicide qu'il n'a pas vu venir ? Divorcé n'a-t-il pas su rester le père dont son fils avait besoin ? Tant de questions sans réponses !


    Pour Laura et Samuel, la journée s'étire ponctuée par les petits gestes d'un quotidien ordinaire qui les maintient éloignés du monde qui ne leur parle plus. Au soir de ce jour inhabituel leur rencontre fortuite, brève saura-t-elle leur apporter apaisement et force pour continuer ?


    Le bonheur perdu d'une lectrice :
J'attendais intensité, émotion, elles sont totalement absentes. Pourquoi cette écriture qui s'apparente plus à une description clinique qu'à une anlyse introspective de personnages qui vivent une situation ô combien particulière ?
J'ai eu plusieurs fois la tentation de lire séparément ces deux histoires menées en parallèle avec l'intention évidente de l'auteur d'attendre les toutes dernières pages pour les croiser. J'ai songé aussi à "sauter" les chapitres Laura, ils n'ont pas su m'intéresser. Dans les chapitres Samuel, l'auteur semble être plus à l'aise donc un peu plus convaincant.
C'est la curiosité qui m'a poussée à terminer ma lecture pour connaître l'issue de cette histoire !

J'avais aimé les premiers romans de Philippe Besson. Mais en 2006, à la parution de L'enfant d'octobre, décontenancée, je n'ai pas compris : pourquoi ce retour sur l'affaire Villemin ? Ses publications suivantes n'ont pas toujours comblé mon attente. Alors, j'ai pensé que peut-être ses séjours en Amérique finissaient par l'éloigner de nous. Ou bien tout simplement il évolue, je change et la connivence n'est plus au rendez-vous ? 
    Editions Julliard 2012 (321 pages)
Les autres ouvrages de l'auteur : 
    En l'absence des hommes 2001
    Son frère 2001 film de Chéreau 2003
    L'arrière-saison 2002
    Un garçon d'Italie 2003
    Les jours fragiles 2004
    Un instant d'abandon 2005
    L'enfant d'octobre 2006
    Se résoudre aux adieux 2007
    Un homme accidentel 2008
    La trahison de Thomas Spencer 2009
    retour parmi les hommes 2011

fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_Besson
www.magazinz-litteraire.com/content/critique-fiction/article?id...
www.lefigaro.fr/.../01006-20110115ARTFIG0065-philippe-besson-...




mardi 5 juin 2012

1Q84 Livre 3 (octobre-décembre) de Haruki Murakami


"La ligne de partage entre le monde réel et l'imaginaire est devenue floue." (p.209)

    C'est avec impatience et curiosité que j'ai abordé la lecture du Livre 3. Mon attente ne fut en rien déçue. J'ai retrouvé avec plaisir les personnages des Livres 1et2, en particulier Aomamé qui au dernier moment a renoncé à son geste suicidaire et, ainsi réintégré sa place dans l'intrigue. Comment Murakami aurait-il pu l'abandonner sur le bord du périphérique ?

    De plus, il nous gratifie d'un nouveau protagoniste : Ushikawa, le détective commandité par Les Précurseurs pour retrouvé l'assassin du Leader. Affreux petit bonhomme "tordu" éminemment antipathique, c'est un redoutable limier. S'il travaille en solitaire, il sait se faire invisible, choisir ses planques, attendre pendant des heures. Fin psychologue, il tire profit de la plus petite observation et échafaude ainsi des déductions imparables sans jamais se tromper.

    Murakami continue de nous promener d'un monde à l'autre, du réel à l'imaginaire, s'attarde, peaufine l'étude minutieuse du comportement et des motivations de ses personnages. Il sème tout au long de ses pages de petits cailloux, indices discrets pour suggérer au lecteur attentif  les réponses aux questions qu'il ne cesse de se poser. Alors, entré dans ce monde parallèle, le lecteur devient complice de l'auteur et admet, sans broncher, qu'il puisse se passer de "drôles de choses" pendant une certaine nuit d'orage !

   " ...Aomamé guida la main de Tengo et la fit se poser sur le bas de son ventre, par-dessus son manteau.
    Tengo retint son souffle, en quête d'un signe de la vie qui était tapie là. Ce n'était encore qu'un être minuscule. Mais sa paume put en percevoir la chaleur
    "Où allons-nous ensuite ? Toi et moi et la petite chose.
    -Quelque part qui n'est pas ici, dit Aomamé. Dans un monde où il n'y a qu'une lune. Notre lieu d'origine. Là où les Little People n'ont pas de puissance." (p. 509)

    Editions Belfond 2010 traduit du japonais par Hélène Morita 2012